Le néologisme « anemoia » (que je francise ici en lui offrant un accent aigu et en l’accordant au féminin) a été imaginé par l’auteur et artiste John Koenig dans son Dictionnaire des chagrins. En désignant le sentiment de nostalgie que
procure la vision d’un artefact témoignant d’un passé non seulement révolu, mais encore étranger à l’expérience personnelle de celui ou celle qui y est confronté, le concept d’anémoia met en évidence la discontinuité qui peut exister
entre les faits historiques et la mémoire, et fait une place à l'imagination dans les processus cognitifs liés à l’appréhension du passé. Dans un monde immergé dans la culture numérique, l’anémoia se manifeste de façon générationnelle :
elle touche par exemple les modes, les musiques, des expériences de nos parents, et elle se caractérise par de nouvelles créations qui mettent en scène une version fantasmée du passé à travers des souvenirs réinventés ou remis en scène.
Voir l'article "Anemoia" dans John Koenig, Dictionary of obscure sorrows